D’où vient cet amour pour le théâtre, pour l’opéra, pour le spectacle vivant dans son ensemble ?
« Il vient de loin. Il vient du fait que je crois que c’est un outil d’émancipation intime, personnel. Je crois que le théâtre — qu’on le pratique ou qu’on y assiste — est un outil qui nous pousse à rester vivants, à rester en circulation avec sa pensée, qui vient nous interroger.
En plus d’être un outil d’émancipation intime, c’est aussi un outil d’émancipation collective. On l’a vu à la cérémonie : ce n’est pas juste une fête vue par un très grand nombre, c’est autre chose. Ça crée de l’unité, ça fédère. Quand j’ai compris ça, j’étais jeune, et je me suis dit : je ferai ma vie ici.
D’autre part, le théâtre est un vieil art, qui vient simplement nous rappeler que nous sommes très sensibles — parfois même vulnérables — à la fiction. Que la fiction nous relie les uns aux autres. Et que si ça fait 2 500 ans qu’il existe, alors que tout un tas de révolutions techniques, scientifiques, artistiques, philosophiques, politiques, bref, lui sont passées dessus, et qu’il est toujours là, c’est qu’a priori il répond à l’un de nos besoins fondamentaux : un, se faire raconter des histoires ; deux, les recevoir de manière collective. »